"L'œuvre de Yannick G est peuplée de personnages réalistes ou apparemment allochtones, longilignes, cernés d’anguleux traits noirs ; la composition est très structurée, chaque tableau quadrillé de lignes noires. Tous ces êtres conçus en un blanc grisé reposent sur de larges plages foncées. Ils sont tous solitaires et regardent rarement le visiteur. Placés côte à côte, ils semblent symboliser la neurasthénie d’un monde en ruine. Ce que corroborerait le fait que, peint-il des maisons, elles sont brinquebalantes ou tenues par des échafaudages ; réalise-t-il une nef d'église, les piliers sont tout de guingois ;
peint-il Don Quichotte, ce symbole le plus parodique et le plus pitoyable, il est réduit à l'extrême maigreur ; etc. !
Autre particularité, la multitude de détails, l'effervescence, le désordre, la surabondance qui infléchit les lignes, perturbe les stabilités et suscite l'inquiétude de telle sorte que chaque personnage bien que statique, se retrouve dans un véritable bouillonnement.
Ses œuvres sont résolument figuratives, outrancièrement figuratives même ! À tel point que, sans le relier à Basquiat et ses suiveurs (puisqu'aucun graffiti ne s'ajoute à ses dessins), on pourrait voir en lui un émule de la "Bad Painting" par la façon dont il va jusqu’au bout d’une expressivité figurative, avec une peinture libre de tout esthétisme, de tout concept, rappelant -sans en être, une fois encore- les principes de l’Art brut.
Subséquemment, une voie de la solitude.
Au final, Yannick G ne peut pas être dénué d'une pathologie qui renvoie à la peur, à la hantise d'une inventivité qui tord, torture le réel. Un pessimiste, en somme, qui se sert de sa peinture pour supporter le monde. Un monde contemporain qui, s'il a beaucoup de scories, n'est en rien perdu dans la brume !"
Jeanine Rivais, critique d'art (rivaisjeanine.com)